Par Bertille Flory, patiente experte, www.endholistic.fr
Les oméga 3 sont des acides gras essentiels dont le corps a besoin pour fonctionner correctement, mais que le corps humain ne peut pas synthétiser. Ils doivent donc être apportés par notre alimentation ou par des compléments alimentaires. Ces acides gras sont réputés pour leurs nombreux bienfaits pour la santé, en particulier chez les femmes et tout spécialement pour l’endométriose. Explications.
Que sont les oméga 3 ?
Dans la série Kaamelott, le « grand philosophe » Karadoc a sorti une réplique culte « Le gras c’est la vie ».
Faisant partie des macronutriments, les lipides, comme les protéines et les glucides, sont en effet indispensables au fonctionnement du corps humain. Parmi les lipides, on retrouve différents acides gras dont les oméga 3.
Les oméga 3, un acide gras indispensable au fonctionnement du corps humain
Appelés aussi « acides gras », les lipides se divisent en plusieurs catégories :
- Les acides gras saturés (AGS) parmi lesquels on retrouve les acides laurique, myristique et palmitique,
- Les acides gras mono-insaturés (AGMI) que sont les oméga 9, dont le plus grand représentant est l’acide oléique,
- Les acides gras polyinsaturés (AGPI).
Les acides gras polyinsaturés sont des acides gras essentiels. Ils se divisent eux-mêmes en deux catégories :
- Les acides gras polyinsaturés oméga 3: que l’on trouve dans l’huile de colza, de soja ou de noix et dans les petits poissons gras (sardines, anchois, maquereaux, harengs, saumons) ;
- Les acides gras polyinsaturés oméga 6: que l’on trouve dans les graisses animales (viande rouge, charcuterie, beurre, et dans certaines huiles (tournesol entre autres).
Les oméga 3 sont composés principalement de trois types d’acides gras :
- L'acide alpha-linolénique (ALA), que l’on trouve dans les sources végétales comme les graines de lin, les noix ou les huiles végétales.
- L’acide eicosapentaénoïque (EPA), présent principalement dans les poissons gras comme le saumon, le maquereau ou le hareng.
- l’acide docosahexaénoïque (DHA), présent comme l’EPA dans les poissons gras comme le saumon, le maquereau ou le hareng.
Selon un rapport[1] de l’Agence nationale de la sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES), l’apport total en acides gras saturés est supérieur aux recommandations en termes d’apports nutritionnels. Il faut savoir que leur consommation en excès constituant un facteur de risque pour le développement de maladies cardio-vasculaires.
A l’inverse, l’apport quotidien en acide oléique, principal représentant des acides gras monoinsaturés, est nettement insuffisant tout comme ceux en oméga 3, alors qu’ils jouent un rôle prépondérant pour notre santé et que notre corps n’est pas capable de les synthétiser par lui-même.
Le rôle des Omega 3 pour la santé
Faisant partie de la composition de la membrane des cellules, les oméga 3 jouent un rôle essentiel dans de nombreux processus biologiques, notamment dans la santé cardiaque avec la prévention des maladies cardio-vasculaires, le bon fonctionnement du cerveau avec l’amélioration des fonctions cognitives et la protection du cerveau contre les maladies liées à la dégénérescence des neurones, la régulation des processus inflammatoires et la prévention des cancers.
Inflammation et réponse immunitaire
Les oméga 3 ont démontré leur capacité à réduire les niveaux de certains marqueurs inflammatoires dans le corps
Il a notamment été établi que les acides gras essentiels oméga 3 (AG oméga 3) inhibaient l’inflammation, et ils pourraient avoir également une action sur la réponse immunitaire[2].
Santé cardio-vasculaire
De nombreuses études ont montré que la consommation d’oméga 3 aide à maintenir une bonne santé cardiovasculaire.
Les oméga 3 favorisent :
- une diminution de la pression artérielle chez les personnes présentant une hypertension ;
- une diminution de la quantité de triglycérides dans le sang, un type de lipides qui, en cas d'excès, contribue au développement de maladies cardiaques. Des études montrent que les oméga 3 peuvent réduire les niveaux de triglycérides sanguins jusqu’à 30 % ;
- chez les personnes présentant au préalable des pathologies cardiovasculaires, une réduction de la morbidité et de la mortalité cardiovasculaires.
Fonctionnement cérébral
Les oméga 3 EPA et du DHA jouent un rôle dans le fonctionnement cérébral chez l’adulte et au cours du vieillissement et suggèrent un effet positif sur le maintien de la santé mentale (dépression, démence dont maladie d’Alzheimer).
Santé visuelle
Les oméga 3 EPA et le DHA participent également à la prévention de la dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA).
Santé musculo-squelettique
Les oméga 3 interviennent dans la santé des os et des articulations. Ils augmentent la densité osseuse, diminuent l'inflammation qui existe dans l'arthrose notamment.
Une carence en oméga 3 dans la très grande majorité de la population française
Dans le rapport de l’Anses datant de septembre 2015[3], le déficit en oméga 3 (EPA et DHA) des 18-34 ans est estimé à 96 % (et 90 % dans la population générale).
Ce déficit est confirmé par une étude réalisée en 2016[4] qui indique que si, pour les adultes, l’apport total moyen quotidien en lipides est conforme aux recommandations des apports nutritionnels conseillés, pour autant, l’analyse détaillée montre que l’apport de certains acides gras est parfois éloigné des valeurs recommandées par l’Anses.
Ainsi, l’étude indique que l’apport moyen quotidien en acide gras polyinsaturés oméga 3 est deux fois inférieur aux apports nutritionnels conseillés :
- 0,4 % pour l’ALA (apport nutritionnel conseillé de 1 %),
- 137 mg pour le DHA (apport nutritionnel conseillé de 250 mg)
- et 102 mg pour l’EPA (apport nutritionnel conseillé de 250 mg).
Seuls 14,6 % de la population adulte apparaissent comme atteignant les recommandations pour le DHA, 7,8 % pour l’EPA, et seulement 1,2 % pour l’ALA, pourtant essentiel, car ne pouvant pas être synthétisé par l’organisme.
Un rapport déséquilibré entre oméga 3 et oméga 6, qui est promoteur d’inflammation
En plus d’un déficit important en oméga 3, l’Anses et les autorités de santé alertent régulièrement sur l’équilibre à maintenir entre apport en oméga 3 et apport en oméga 6.
Le rapport conseillé est d’un oméga 3 pour cinq oméga 6.
Or, en France, ce rapport se situe à 1 pour 10 voire plus.
Or, de nombreuses études montrent que ce déséquilibre augmente le risque de maladies cardiovasculaire, d'allergies et d'inflammations. Il est donc indispensable de diminuer son apport en oméga 6 et encore plus d’augmenter son apport en oméga 3, par l’alimentation et la supplémentation.
Les avantages des oméga 3 pour la santé féminine et plus spécifiquement pour l’endométriose
Les avantages des oméga 3 pour la santé féminine
En plus des bénéfices décrits précédemment, les oméga-3 possèdent également de nombreux bienfaits spécifiquement pour la santé de la femme.
Régulation des hormones
Les oméga 3 jouent un rôle essentiel dans la régulation des hormones, un élément clé de la santé reproductive féminine. Ils agissent en réduisant les niveaux de prostaglandines inflammatoires, des composés hormonaux qui peuvent causer des douleurs et des déséquilibres hormonaux, particulièrement lors des menstruations. Cela peut aider à soulager les symptômes du syndrome prémenstruel (SPM), tels que les crampes, les maux de tête et les sautes d'humeur.
Ainsi, une ancienne étude danoise avait confirmé l’hypothèse selon laquelle un apport plus élevé d’acides gras oméga 3 marins (EPA et DHA) est en corrélation avec des symptômes menstruels plus légers[5].
Ils agissent également sur les hormones thyroïdiennes et sur l’insuline, qui elles-mêmes ont un impact sur la santé féminine et le bien-être menstruel de la femme.
Amélioration de la santé mentale
La prévalence de troubles de l’humeur et de la dépression est plus élevée chez les femmes que chez les hommes. Des études ont démontré que les oméga 3, en particulier le DHA, jouent un rôle clé dans la santé cérébrale et peuvent aider à prévenir ou à traiter la dépression. Une méta-analyse de plusieurs essais cliniques a montré que les personnes consommant des oméga 3, en particulier sous forme d’EPA, présentent des symptômes dépressifs moindres comparés à celles n’en consommant pas. Chez les femmes, en particulier celles en période post-partum ou ménopausée, ces effets peuvent être encore plus marqués.
Hydratation de la peau et des muqueuses
Les oméga 3 sont essentiels à l’hydratation des différentes parties du corps, que ce soit la peau, mais aussi les yeux, la bouche ou le vagin.
Les oméga 3 préviennent la déshydratation et les inflammations cutanées, ils aident à lutter contre l’acné et soulagent la sécheresse de la peau et des muqueuses causée par l’âge, la ménopause, certains médicaments.
Enfin, les acides gras omégas 3 sont nécessaires au développement et au fonctionnement de la rétine, du cerveau et du système nerveux. Des apports suffisants en omégas 3 sont donc primordiaux chez la femme en âge de procréer, chez la femme enceinte, chez la femme allaitante ainsi que chez l’enfant.
Les avantages des oméga 3 pour l’endométriose
L’endométriose est une maladie chronique systémique inflammatoire.
En effet, les femmes atteintes d’endométriose ont une augmentation très forte de leur taux d’hormone PGE2 (prostaglandine 2) qui correspondent aux prostaglandines responsables de l’inflammation.
Les oméga 3 EPA et DHA sont dotés de propriétés anti-inflammatoires et les études scientifiques ont montré que ces propriétés pouvaient atténuer les symptômes de l’endométriose mais aussi agir sur le développement de la maladie.
Ainsi, l’étude pilotée par Missmer publiée en 2010 (Missmer et al., 2010) montre que la consommation d’oméga 3 à longue chaîne (EPA et DHA) est corrélée a un risque d’endométriose réduit de 22 %[6]. Ces résultats, bien que ne prouvant pas le lien de causalité, sont cohérents au vu des propriétés anti-inflammatoires de l’EPA et du DHA.
Une autre étude (Hopeman et al., 2015) avait montré que, comparativement à un taux bas, un taux élevé d’EPA dans le sang était associé à un risque abaissé de 82 % d’endométriose[7].
Les oméga 3 à longue chaîne sont importants car l’EPA donne naissance à une prostaglandine anti-inflammatoire, la PGE3, et dans un même temps, par effet de compétition, réduit la formation de la PGE2, une prostaglandine pro-inflammatoire particulièrement impliquée dans l’endométriose. Ce rééquilibrage des acides gras doit être une des priorités dans le traitement naturel de la maladie.
En outre, selon Fabien Piasco diététicien-nutritionniste spécialisé dans la prise en charge des femmes atteintes d’endométriose, « la conversion de l’ALA en EPA étant très faible, voire inexistante chez les individus ayant de l’inflammation (dysfonctionnement de la delta-6-désaturase), les mers et océans étant très pollués, le recours à des capsules d’huile de poisson décontaminée est une stratégie nutritionnelle employée dans l’endométriose ».
[1] Avis de l’Anses, Rapport d’étude, Apports en acides gras de la population vivant en France et comparaison aux apports nutritionnels conseillés définis en 2010, septembre 2015
[2] Calder PC. Omega-3 polyunsaturated fatty acids and inflammatory processes: nutrition or pharmacology? Br J Clin Pharmacol 2013;75:645–62.
Zhang P, Smith R, Chapkin RS, McMurray DN. Dietary (n-3) polyunsaturated fatty acids modulate murine Th1/Th2 balance toward the Th2 pole by suppression of Th1 development. J Nutr 2005; 135:1745-51
Semerano L,Julia C, Aitisha O, Boissier MC. Nutrition and chronic inflammatory rheumatic disease. Joint Bone Spine 2017;84:547-52
[3] Avis de l’Anses, Rapport d’étude, Apports en acides gras de la population vivant en France et comparaison aux apports nutritionnels conseillés définis en 2010, septembre 2015
[4] Tressou Jessica, Pasteau Stéphane, Darrigo Dartinet Solveig, Simon Noëmie, Le Guillou Céline, Données récentes sur les apports en acides gras des Français, OCL 23 (3) D303 (2016), DOI: 10.1051/ocl/2016001
[5] Deutch B. Menstrual pain in Danish women correlated with low n-3 polyunsaturated fatty acid intake. Eur. J. Clin. Nutr. 1995 Jul;49(7):50816.
[6] Missmer SA, Chavarro JE, Malspeis S, Bertone-Johnson ER, Hornstein MD, Spiegelman D, Barbieri RL, Willett WC, Hankinson SE. A prospective study of dietary fat consumption and endometriosis risk. Hum Reprod. 2010 Jun;25(6):1528-35. doi: 10.1093/humrep/deq044. Epub 2010 Mar 23. PMID: 20332166; PMCID: PMC2873173.
[7] Hopeman MM, Riley JK, Frolova AI, Jiang H, Jungheim ES. Serum Polyunsaturated Fatty Acids and Endometriosis. Reprod Sci. sept 2015;22(9):1083‐7.
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