Par Bertille Flory, Patiente experte, www.endholistic.fr
L’endométriose est une maladie systémique inflammatoire chronique qui affecte tout le corps des femmes atteintes de la maladie. Pendant des années, le stade de la maladie a été évoqué pour parler de la gravité de la maladie et du nombre de lésions.
Aujourd’hui, la notion de stade n’est plus utilisée. Les lésions d’endométriose les plus fréquentes – c’est-à-dire celles retrouvées dans la région pelvienne – sont classées en trois groupes : superficielles, ovariennes et profondes. Certaines lésions peuvent également être retrouvées moins fréquemment en dehors du bassin. Explications.
Où sont situées les lésions d’endométriose ?
L’endométriose affecte tout le corps de la femme et des lésions ont été retrouvées au moins une fois presque partout dans le corps féminin (par exemple sur les poumons ou sur le cerveau).
Les organes les plus souvent touchés sont :
- les ovaires,
- les ligaments utéro-sacrés,
- le péritoine (membrane qui tapisse la cavité abdomino-pelvienne et tous les viscères qu’elle contient),
- le rectum,
- la vessie,
- le vagin.
Des lésions peuvent également être retrouvées sur :
- les trompes,
- les uretères (les conduits qui transportent l’urine des reins à la vessie),
- l’appendice,
- les cicatrices (endometriose pariétale) notamment les cicatrices de césarienne, d’épisiotomie, d’hystérectomie,
- le nombril,
- le diaphragme.
L’endométriose pelvienne : les lésions les plus fréquentes sont situées dans le bassin
Les lésions d’endométriose sont le plus fréquemment retrouvées dans la région du bassin, appelée aussi région pelvienne. Les lésions d’endométriose pelvienne sont classées en 3 groupes :
- l’endométriose superficielle,
- l’endométriose ovarienne,
- et l’endométriose profonde.
L’endométriose superficielle (appelée aussi endométriose péritonéale)
Qu’est-ce que l’endométriose superficielle ?
Appelée aussi endométriose péritonéale, l’endométriose superficielle est la forme d’endométriose la plus courante. Elle représente environ 70 % de l’ensemble des diagnostics d'endométriose (source : Gynéco Marseille).
Elle se manifeste par les lésions de petite taille, dont la profondeur d’invasion ne dépasse pas les 5 millimètres.
Les lésions sont limitées au péritoine (membrane qui tapisse la cavité abdomino-pelvienne et tous les viscères qu’elle contient). Cela signifie que les lésions d’endométriose superficielle n’envahissent pas les organes.
Diagnostic de l’endométriose superficielle
L'échographie endovaginale (appelée aussi échographie abdomino-pelvienne) est l’examen radiologique de référence pour diagnostiquer l’endométriose superficielle.
Il faut savoir que certaines lésions peuvent être tellement petites qu’elles ne se voient pas à l’échographie. En outre, cet examen n’est pas possible pour les jeunes filles et les femmes n’ayant jamais eu de rapports sexuels. Dans ces cas, l’IRM est l’examen proposé pour le diagnostic et le suivi de la maladie.
Les symptômes de l’endométriose superficielle
D’une femme à l’autre, les symptômes peuvent être extrêmement différents allant d’aucun ressenti / aucun symptôme à des douleurs très invalidantes, des problèmes digestifs, des problèmes urinaires, de l’infertilité, et ce même si les organes ne présentent pas de lésions. Ces différents symptômes sont souvent la répercussion de l’inflammation causée par les lésions.
L’endométriose ovarienne
Qu’est-ce que c’est ?
L’endométriose ovarienne est le nom donné aux kystes d’endométriose qui se développent sur les ovaires, appelés aussi endométriomes.
Les kystes ovariens peuvent se former sur un seul ovaire ou sur les deux. Leur taille est généralement comprise entre 3 et 5 cm. Mais s’ils peuvent mesurer seulement quelques millimètres pour les plus petits, les plus gros peuvent mesurer jusqu'à 15 cm de diamètre (équivalent d’un pomelo).
15 à 40 % des femmes présentant une endométriose sont atteintes de kystes endométriosiques ovariens (source : Luna Endométriose). Ce sont des kystes ovariens bénins.
Diagnostic de l’endométriose ovarienne
Pour diagnostiquer l’endométriose ovarienne, l’examen de référence est l’échographie pelvienne, réalisée par voie vaginale par un radiologue expert de l’endométriose.
Symptômes de l’endométriose ovarienne
Les symptômes de l’endométriose ovarienne ne sont pas spécifiques. Les kystes d’endométriose ovariens peuvent entraîner les mêmes symptômes que les autres lésions d’endométriose : des douleurs importantes durant les règles, des troubles urinaires, des saignements anarchiques, des douleurs durant les rapports sexuels, une infertilité, des troubles digestifs, etc.
Il est important de noter que les kystes ovariens d’endométriose peuvent également ne provoquer aucun symptôme : ni de douleurs pelviennes ni d’infertilité ou autre.
Endométriose profonde (sous-péritonéale)
Qu’est-ce que l’endométriose profonde ?
L’endométriose profonde, appelée aussi endométriose sous-péritonéale, se caractérise par des lésions d’endométriose qui s’infiltrent dans les organes pelviens (le rectum, le côlon, le sigmoïde, la jonction recto-sigmoïdienne, la vessie, les ligaments utéro-sacrés, les uretères, l’appendice, l’iléon terminal) et/ou qui pénètrent dans le péritoine sur plus de 5 millimètres. Les lésions peuvent également se développer entre les organes pelviens comme dans le cul de sac vaginal par exemple.
La localisation la plus fréquente des lésions d’endométriose profonde est située entre le rectum et le vagin, dans la « cloison recto-vaginale ». Ainsi, les lésions qui touchent le rectum sont souvent regroupées sous le nom de nodules de la cloison recto-vaginale (NCRV) en raison de leur accolement avec le torus utérin et le fornix vaginal postérieur.
Diagnostic de l’endométriose profonde
L’endométriose profonde peut être diagnostiquée grâce à une échographie pelvienne endo-vaginale (ou endo-rectale) pour les jeunes filles et femmes ayant déjà eu des rapports sexuels ou grâce à une IRM, ces deux examens devant toujours être réalisés par un radiologue spécialiste de l’endométriose (les autres radiologues peuvent ne pas reconnaître les lésions).
Symptômes de l’endométriose profonde
Comme pour l’endométriose superficielle et l’endométriose ovarienne, d’une femme à l’autre, les symptômes peuvent être extrêmement différents et divers allant d’aucun ressenti / aucun symptôme à des douleurs très invalidantes, des problèmes digestifs, des troubles urinaires, de l’infertilité.
Des localisations plus rares mais tout aussi invalidantes
L’endometriose thoracique
Qu’est-ce que l’endométriose thoracique ?
L’endométriose thoracique est une pathologie rare mais certainement sous-estimée. Dans le cadre de l’endométriose thoracique, les lésions se situent :
- au niveau de la plèvre (la membrane qui recouvre les poumons)
- du parenchyme pulmonaire (partie du poumon qui comporte des alvéoles pulmonaires dont la paroi est très riche en capillaires sanguins)
- ou des voies aériennes (la bouche, le nez, la gorge, le larynx et la trachée pour les voies aériennes supérieures et les bronches, les bronchioles et les alvéoles pour les voies aériennes inférieures situées dans les poumons).
L’atteinte thoracique concerne dans la majorité des diagnostics l’hémi-thorax droit, mais il existe des cas d’atteinte à gauche ou bilatéral.
Symptômes de l’endométriose thoracique
Les principaux symptômes de l’endométriose thoracique sont :
- dans la majorité des cas le pneumothorax (la plèvre se remplit d’air ou de gaz). Bien souvent il se produit aux alentours des règles (entre la veille des règles et trois jours après leur début) ;
- l’hémoptysie (le fait de tousser et cracher du sang souvent pendant les règles) – c’est extrêmement rare et c’est le fait que le phénomène soit associé aux règles qui fait orienter le diagnostic vers l’endométriose ;
- l’hémothorax (accumulation de sang dans la cavité pleurale, entre la cage thoracique et le poumon)
- et beaucoup plus rarement le nodule pulmonaire.
Certains symptômes sont moins spécifiques comme :
- une douleur thoracique,
- un essoufflement,
- une toux.
50 à 80 % des patientes atteintes d’endométriose thoracique présentent également une endométriose pelvienne, notamment en cas de pneumothorax et d’hémothorax se produisant durant les règles (aussi appelé cataménial).
Diagnostiquer l’endométriose thoracique
En fonction de la localisation de la lésion, trois moyens de diagnostic peuvent être utilisés : le scanner thoracique, la radiographie ou la thoracoscopie (en quelque sorte une coelioscopie du thorax).
L’endométriose diaphragmatique
Qu'est-ce que l’endométriose diaphragmatique ?
L'endométriose diaphragmatique est une forme rare d'endométriose, dans laquelle les lésions d'endométriose viennent envahir le diaphragme, le muscle situé sous les côtes, qui permet la respiration et qui sépare la cavité abdominale de la cavité thoracique.
Symptômes de l’endométriose diaphragmatique
Des douleurs à l’épaule, ou dans l’omoplate, durant les menstruations, voire en dehors des menstruations, peuvent être un symptôme d’endométriose, particulièrement si la douleur est localisée dans l’épaule droite.
En effet, l’implantation de lésions d’endométriose sur le diaphragme peut causer une douleur qui irradie dans l’épaule (le plus souvent droite).
L'endométriose diaphragmatique peut affecter la respiration en engendrant des essoufflements importants, à l'effort par exemple. Les lésions du diaphragme ne sont cependant pas toujours symptomatiques. Elles peuvent également être à l’origine d’épisodes de pneumothorax (présence d’air entre les deux couches de la plèvre (la membrane mince, transparente qui recouvre les poumons et qui tapisse aussi l’intérieur de la paroi thoracique) récidivant pendant les règles.
Diagnostic de l’endométriose diaphragmatique
Etant donné qu'il s'agit d'une forme d'endométriose, le médecin référent sera le gynécologue qui pourra prescrire des examens approfondis pour confirmer le diagnostic.
Les lésions d’endométriose du diaphragme sont le plus souvent identifiées lors d’une coelioscopie. Le diagnostic peut également être fait avec une IRM thoracique. Dans 90 % des cas, les lésions d'endométriose se trouvent au niveau de l’hémicoupole droite du diaphragme.
L’endométriose pariétale
Qu’est-ce que l’endométriose pariétale ?
Les lésions d’endométriose peuvent apparaître sur les cicatrices de la paroi abdominale. C’est ce que l’on appelle l’endométriose pariétale.
Cette forme d’endométriose apparaît en général après une intervention chirurgicale qui a nécessité d’ouvrir le ventre au niveau de l’abdomen (césarienne notamment ou coelioscopie).
Les lésions d’endométriose peuvent également se développer sur les cicatrices d’épisiotomie. Elles prennent alors la forme de kystes vulvaires, qui peuvent être douloureux, en particulier pendant les rapports sexuels.
Diagnostic de l’endométriose pariétale
Au moment des règles, la taille et la douleur de l'endométriome peuvent augmenter. Les endométriomes sont douloureux à la pression et peuvent avoir une couleur bleue. Les kystes peuvent se rompre en provoquant une douleur importante.
Le traitement des endométriomes vulvaires implique l'excision. Elle reste relativement rare. Elle est associée à l’endométriose pelvienne dans 5 à 15 % des cas (source Endofrance).
L’endométriose ombilicale
L'endométriose ombilicale est une forme très rare d’endométriose extra-pelvienne : elle fait partie des manifestations d'endométriose pariétale (c'est-à-dire qui intervient sur la peau).
Sa fréquence serait de l’ordre de 1 % de l’ensemble de ses localisations connues d'endométriose.
Diagnostic de l’endométriose ombilicale
L´endométriose ombilicale se manifeste comme une lésion ou une masse pigmentée, papuleuse, nodulaire ou kystique douloureuse dans le nombril avec un écoulement de sang rythmé par le cycle menstruel.
Le caractère cyclique qui coïncide avec les menstruations est fondamental et parfois suffisant pour évoquer le diagnostic. La confirmation du diagnostic repose sur une analyse biologique de la masse et des cellules qu'elle contient grâce à une biopsie.
L’adénomyose, une forme d’endométriose interne à l’utérus
L’adénomyose est une forme d’endométriose dans laquelle les lésions sont situées dans le muscle de l’utérus, appelé myomètre. On retrouve différentes formes d’adénomyose :
- diffuse : de nombreux foyers sont disséminés sur l’ensemble du muscle utérin
- focale : un ou quelques foyers localisés sur le muscle de l’utérus
- externe : c’est lorsque l’endométriose pelvienne profonde vient infiltrer le muscle de l’utérus
Ces lésions saignent tous les mois sous l’effet des variations hormonales du cycle menstruel.Ces saignements peuvent provoquer une inflammation et une hypertrophie des tissus environnants.
Cela peut se traduire en termes de symptômes par :
- des douleurs menstruelles intenses
- des saignements menstruels abondants et prolongés
- des douleurs pelviennes chroniques, y compris des douleurs pendant les rapports sexuels
- une sensation de lourdeur ou d'enflure dans la région pelvienne
- des crampes abdominales
- des douleurs pendant les mouvements intestinaux ou la miction
- une sensibilité ou une douleur dans la région utérine lors de la palpation abdominale
Les mécanismes exacts de développement de l'adénomyose ne sont pas encore complètement compris, mais certaines hypothèses ont été proposées. Il est possible que l'adénomyose soit causée par une perturbation de la jonction entre l'endomètre et le myomètre, permettant ainsi à l’endomètre de s'infiltrer dans le muscle utérin.
Pour en savoir plus sur l’adénomyose, vous pouvez consulter le site d’EndoFrance.
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